La promotion du nouvel album (Amor Fati) de Bertrand Cantat, le premier sous son véritable nom depuis la séparation de Noir Désir, vire au cauchemar. Après le scandale autour de la couverture des Inrockuptibles – le magazine s'est excusé depuis –, c'est au tour du Point de mettre un nouveau coup de pied dans la fourmilière. L'hebdomadaire a publié une enquête dans laquelle le chanteur de Noir Désir, reconnu coupable de coups mortels sur la personne de Marie Trintignant – l'actrice est morte après avoir été frappée à plusieurs reprises par son compagnon de l'époque, à Vilnius –, est à nouveau accablé. Un témoignage anonyme imputé à l'un des membres du groupe y figure notamment : après le tollé suscité chez deux d'entre eux, le troisième ex-larron s'est à son tour dit excédé, démentant avoir parlé. Le mystère reste entier...
Elle m'a demandé de cacher ce que l'on savait
Dans son enquête, Le Point laisse notamment entendre que Cantat serait en quelque sorte responsable du suicide de Kristina Rady, l'organisatrice de concerts qui fut sa compagne avant et après Marie et qui s'est suicidée à l'âge de 41 ans. En citant notamment un mail bouleversant de celle qui est également la mère des deux enfants de Cantat, Le Point met en lumière le quotidien douloureux et invivable enduré par Kristina, laquelle a fini par mettre fin à ses jours.
Mais ce n'est pas tout. Un membre de Noir Désir, sous couvert d'anonymat, parle de complicité : "Kristina m'a vu et elle m'a demandé, à moi et à tous les autres membres du groupe, de cacher ce que l'on savait. Elle ne voulait pas que ses enfants sachent que leur père était un homme violent." Il y avait non seulement le désir de protéger Milo et Alice, âgés aujourd'hui de 20 et 15 ans, mais aussi celui Bertrand Cantat. Quitte à faire l'impasse sur ses agissements. "Je savais qu'il avait frappé la femme avec qui il était avant Kristina. Je savais qu'il avait tenté d'étrangler sa petite amie, en 1989. Mais, ce jour-là, nous avons tous décidé de mentir. Nous étions tous sous son emprise. Et nous pensions qu'il se soignerait", raconte ce membre de Noir Désir.
Après la publication de cette sulfureuse enquête, deux membres de Noir Désir n'ont pas tardé à réagir. Denis Barthe et Jean-Paul Roy, respectivement batteur et bassiste du groupe bordelais, ont publié une vidéo dans laquelle ils exigent "des excuses publiques dans les plus brefs délais" de la part du Point, estimant "être clairement mis en cause" dans les propos tenu par "un mystérieux membre de Noir Désir qui se serait exprimé sous couvert d'anonymat". Tout porte à croire qu'aucun des deux n'est derrière ces fameux mots.
Les regards se sont alors tournés vers Serge Teyssot-Gay, ex-guitariste du groupe. Le musicien a en plus un passif houleux avec Cantat. "Je fais part de ma décision de ne pas reprendre avec Noir Désir, pour désaccords émotionnels, humains et musicaux avec Bertrand Cantat, rajoutés au sentiment d'indécence qui caractérise la situation du groupe depuis plusieurs années", écrivait-il dans un communiqué, quelques mois après la pendaison de Kristina Rady. Savait-il quelque chose ? Dans un SMS qu'il aurait adressé à un collaborateur de la maison de disques Barclay – qui gère la promo de Cantat – et rapporté par le journal Le Parisien (édition du 2 décembre 2017), Teyssot-Gay se dit "plus qu'excédé de toutes ces histoires" qui ne le "regardent pas". Le guitariste assure répondre aux questions concernant exclusivement son travail musical "tout en devant régulièrement refuser ou stopper des questions annexes de journalistes en mal de scoops".
De son côté, l'avocat du chanteur, Antonin Lévy, a annoncé qu'il allait porter plainte contre Le Point. "Bertrand Cantat a été jugé pour ce qu'il a fait, rappelle-t-il. Les pseudo-révélations du Point ne sont qu'un tissu de calomnies." Très silencieux alors que sort son album, Bertrand Cantat n'a pas réagi aux révélations à "l'enquête sur une omerta" l'impliquant.