Fin du suspense. Ce mercredi 16 novembre, dans un centre de formation de Bobigny en Seine-Saint-Denis, Emmanuel Macron, qui vient d'enterrer son mentor, s'est enfin déclaré candidat à la présidentielle 2017. Avant sa prise de parole, son épouse Brigitte était évidemment à ses côtés avant de rejoindre le premier rang pour l'écouter attentivement.
C'est peu dire que la candidature de l'ancien ministre de l'Économie, de l'Industrie et du Numérique, était attendue ; on parle de près de 200 journalistes accrédités pour ce rendez-vous. Sur France Info TV, alors qu'Emmanuel Macron s'apprêtait à prendre la parole, une journaliste rappelait que parler en public n'avait jamais été l'un de ses exercices préférés et qu'on avait vu déjà trois fois son épouse Brigitte réajuster sa cravate, "sans doute pour le rassurer". Présente à toutes les étapes de son parcours épatant, Brigitte Trogneux chouchoute son époux comme personne...
Devant les militants de son mouvement En marche !, l'ancien conseiller du président François Hollande se déclare donc enfin. Alors que les candidats de la droite et du centre s'affronteront lors du premier tour de la primaire le 20 novembre et que l'attente règne à gauche, Emmanuel Macron se place en outsider, au-dessus des familles politiques traditionnelles. Plutôt que de rassembler la droite et la gauche, le candidat veut "rassembler les Français" et en appelle "aujourd'hui à toutes les femmes et les hommes de bonne volonté, à toutes celles et eux qui croient à la réconciliation de la liberté et du progrès, à toutes celles et ceux qui ne veulent pas guetter dans la pénombre une lueur d'espérance mais veulent l'incarner".
À 38 ans, Emmanuel Macron se dit pleinement conscient de la tâche et se dit prêt. Il se place en candidat contre "le système" pour promouvoir une "révolution démocratique", comme le résume l'AFP. "Ce combat que nous devons livrer, pour faire réussir notre pays, il commencera en mai 2017. Pour le mener, la responsabilité du président de la République est immense et j'en suis pleinement conscient. (...) C'est pourquoi je suis candidat à la présidence de la République."
Dans le contexte d'une cette "ère nouvelle : la mondialisation, le numérique, le changement climatique, les inégalités croissantes, les conflits géopolitiques, le terrorisme, la crise démocratique des sociétés occidentales, le doute qui s'installe au coeur de nos sociétés", Emmanuel Macron voit "les symptômes d'un monde en plein bouleversement", d'une "grande transformation". Il dit vouloir "une France qui croit en ses chances, qui risque, qui espère, (...) une France entreprenante où chacun choisit sa vie. Et une France qui considère les plus faibles".
Le jeune homme, diplômé de l'ENA et passé par la banque Rothschild avant de rejoindre le cabinet de François Hollande en mai 2012, revendique quelque 100 000 adhérents à son mouvement En marche !. Comme le souligne l'AFP, après cette intervention de quinze petites minutes, Emmanuel Macron devra dévoiler son programme et partir à la chasse aux 500 parrainages nécessaires pour mener à terme cette candidature solo. Pour l'heure, les réactions à droite comme à gauche ne sont guère en sa faveur. "C'est très embêtant", a par exemple constaté le premier secrétaire du Parti socialiste Jean-Christophe Cambadélis quand Alain Juppé, favori dans la primaire de la droite et du centre, invite à "ne pas être naïf" face à un candidat qui se présente en "chevalier blanc".