Invité de Léa Salamé sur France Inter dans la matinale de Patrick Cohen, Gérard Depardieu s'est confié à la journaliste et polémiste. Revenant sur des sujets déjà rabâchés par le passé, le géant du septième art français s'est livré à coeur ouvert sur celui qu'il est aujourd'hui. "Je ne suis pas toujours vrai", a-t-il déclaré, s'estimant néanmoins très "vrai dans la connerie". "Je revendique mes conneries et des dérapages. Si on ne dérape pas, je pense qu'on est quand même con. Je ne veux pas être bien à 100%. Ces choses-là, je les porte en moi-même, je les comprends, je les digère, je m'élève et je me distingue de mes conneries."
Assurant n'avoir "aucun regret", l'acteur de 66 ans ne se voile pas la face et évoque "des moments qui [lui] ont échappés". "Je ne sais pas si ce qui m'échappe, c'est la vérité ou le mensonge, des moments où je ne suis pas fier, où j'ai été lâche, notamment envers les femmes", a-t-il avoué sans fard. Pas rancunier, l'ogre du cinéma français déplore le fait que ce que les gens retiennent de lui à l'étranger, "c'est surtout d'avoir pissé dans un avion, être russe et avoir écrit une lettre contre le Premier ministre", évoquant en une seule phrase des casseroles qu'il traîne désormais depuis quelques années..
"Je ne suis pas sévère avec la France"
Homme de convictions, Gérard Depardieu n'a pas changé d'avis sur les raisons de son départ de France, et ce moment où il a rendu son passeport. "Ce que je n'aimais pas, c'est ce qu'il faisait de cet argent", explique l'acteur césarisé pour Le Dernier Métro et Cyrano de Bergerac. Il ajoute : "Je ne suis pas sévère avec la France, mais avec les hommes politiques de la France." Ce sera peut-être la seule rancoeur d'un homme qui avoue s'ennuyer lorsqu'il vient en France, pays qu'il trouve néanmoins merveilleux. Le citoyen de monde, qui ne s'estime pas star – en écho aux déclarations de Catherine Deneuve sur la définition d'une star aujourd'hui - confiera également au micro de France Inter son "agacement" à propos du "dessin de l'autre abruti de Charlie Hebdo sur Catherine", une caricature qui ne l'a pas amusé. Cette Catherine, Gérard Depardieu semble la porter très haut dans son coeur, elle qui revient au coeur de la discussion lors d'une séquence sur le Festival de Cannes et le palmarès de l'édition 2015. Lorsque la chroniqueuse d'On n'est pas couché lui demande une réaction sur les primés, il évoque "Vincent Lindon admirable et Jacques Audiard formidable même s'il a fait de meilleurs films" mais ne pipe mot sur Emmanuelle Bercot et Maïwenn, qu'il ne semble pas porter en haute estime. Il glissera tout de même avoir "vu un film d'Emmanuelle Bercot avec Catherine filmée pas belle", une référence à Elle s'en va.
"Cannes est devenu vulgaire et inutile"
Bientôt à l'affiche de Valley of Love, Gérard Depardieu revient au cinéma dans un film qui a bluffé la critique, bien que reparti bredouille de Cannes. Loquace et bavard, Depardieu confiera d'ailleurs que "depuis la télévision, les bijoux, les défilés, Cannes est devenu vulgaire et inutile" et qu'en parallèle, le cinéma le "séduit de moins en moins". Pour camper le Gérard du "très beau film" de Guillaume Nicloux, Depardieu confie ne pas avoir bu une goutte d'alcool pendant le tournage, ni avoir pensé à son fils, le regretté Guillaume Depardieu. Valley of Love suit en effet un couple répondant à une invitation de leur fils Michael qu'ils ont reçue après son suicide, six mois auparavant. Un synopsis qui fait nécessairement écho à la mort de Guillaume. Mais son père, qui s'est souvent confié à coeur ouvert sur la question, bottera en touche. "Ce n'est pas une personne en particulier, c'est une émotion qui me fait penser à", justifie-t-il. Il surenchérit : "Ce n'est pas parce que les enfants sont vivants qu'on ne les perd pas, citant une réflexion qu'il avait faite à sa fille Roxane : Nous, on est uniquement là pour te donner de l'amour quand tu en as besoin. Moi en tout cas."