Jean-Pierre Coffe, le sel de la vie du PAF, ne voulait pas qu'on fasse des choux gras de sa mort. Laurent Ruquier, l'un des tout premiers à avoir eu connaissance de la mauvaise nouvelle concernant son complice de longue date, l'avait d'ailleurs souligné, à quelques heures de lui rendre hommage dans l'émission Les Grosses Têtes : "Il souhaitait partir en toute discrétion. C'est raté." Cirque médiatique – auquel, excellent client à la langue bien pendue, il eut tant de plaisir à contribuer – mis à part, le fameux pourfendeur de la malbouffe a toutefois réussi sa sortie. "Sa hantise, c'était de finir grabataire. Il est parti comme il le voulait. Mais... pour moi, c'est trop tôt", témoigne, contre toute attente et avec une sincérité désarmante, Christophe, son compagnon. Un deuil difficile qu'il a choisi d'évoquer avec l'hebdomadaire Paris Match.
Il est mort comme il le désirait : d'une crise cardiaque.
Longtemps éreinté par la vie, Jean-Pierre Coffe l'a perdue en homme enfin comblé, aimé et aimant. "Il est mort comme il le désirait : d'une crise cardiaque", énonce catégoriquement Christophe, en réaction aux rumeurs de "longue maladie" qui ont plané autour de l'annonce de sa disparition, survenue à 78 ans dans sa maison de Lanneray (Eure-et-Loir), dans la nuit du lundi 28 au mardi 29 mars 2016. "Il était juste parkinsonien", insiste, sous sa caution, la journaliste Catherine Schwaab, notant que cela "ne l'empêchait pas de cuisiner, ni de chasser les oeufs avec ses petits-enfants comme il l'a fait la veille de son décès". C'était d'ailleurs une journée "formidable" et Jean-Pierre était "très heureux", tandis que les chiens "folâtr[ai]ent autour des enfants" dans le jardin de la grande maison aux volets verts de Lanneray dont Coffe avait fait son havre de paix depuis plus de quarante ans et où il avait promis qu'il s'éteindrait. Mais, enfin gâté par le sort, on devine qu'il n'était pas prêt à en arriver là ; il avait entamé un nouvel album-almanach mêlant recettes de cuisine et anecdotes, signale notre consoeur.
L'injuste épilogue, funeste, de ce joyeux lundi de Pâques, Christophe le raconte avec ses mots : "Après leur départ, Jean-Pierre est monté se reposer dans sa chambre. Je suis resté en bas, à regarder la télé. Vers 23h, il m'appelle. Il ne se sent pas bien. Il me dit lui-même vouloir aller aux urgences. Inquiet, j'appelle les pompiers." Le temps que les secours soient sur place, il est déjà trop tard et leur intervention reste vaine : "Il est mort dans mes bras."
Jean-Pierre Coffe tenait à ce que l'on n'apprenne sa mort qu'après son incinération, comme cela a été révélé et comme l'homme qui partageait sa vie depuis des années le confirme. "À plusieurs reprises, précise Christophe, il m'avait fait promettre de ne pas organiser de grandes funérailles. On est restés en famille, son fils [adopté], sa belle-fille, les petits-enfants, une vingtaine de personnes." Il voulait vivre pour l'éternité dans ce jardin qu'il chérissait et où il passait du temps avec ses chiens : "C'est lui [Christophe] qui répandra mes cendres dans mon jardin. Ce jour-là, vous viendrez vider ma cave sans larmes ni tristesse", consignait-il en 2015 dans son autobiographie Une vie de Coffe, parue quelques mois plus tard. Et c'est ainsi qu'il est parti, confirme Paris Match : "Dans un nuage de fumée, sans fleurs ni couronnes."
Il ne voulait pas qu'on le pleure, et même s'il manque déjà à beaucoup, de Jonathan Lambert et d'une Julie Andrieu qu'il recueillit avec sa mère dans les années 1970 aux télévores déjà sevrés de ses gueulantes, il ne faut pas le pleurer : la famille qu'il avait tant souhaitée, il l'a eue, in fine. Lui qui a manqué de l'amour d'une mère, qui a tenté par trois fois l'aventure du mariage avec des femmes, pour autant de divorces, qui a eu la douleur de perdre deux enfants, qui a flirté sans danger avec le sexe opposé et beaucoup plus dangereusement avec la dépression, était arrivé à bon port auprès de Christophe, rencontré au milieu des années 2000. "Ce qu'il espérait, c'était simplement trouver l'amour, fonder une famille. Et comme un signe du destin, ces dernières années, il avait vécu avec Christophe, un compagnon magnifique, qui l'a rendu tellement heureux, dont il était fou d'amour, et le dernier week-end qu'il a passé chez lui, il l'a passé avec ses petits-enfants", se consolait le dessinateur Philippe Geluck en réagissant au décès de son ami intime.
"Papille de la nation", pour reprendre la très fine formule du magazine Point de Vue actuellement en kiosques, et papy plein d'émotion, comme le décrit Catherine Schwaab...