Depuis plusieurs mois, l'actrice française de 43 ans fait couler beaucoup d'encre. Pourtant, Julie Gayet se fait discrète, presque énigmatique. La star du film Les Âmes de Papier n'est pas du genre à vouloir étaler sa vie privée et cultive l'aura mystérieuse qui l'entoure. Pas question par exemple pour la belle d'évoquer sa relation privilégiée avec le président de la République ; aussi ne donne-t-elle d'interview que pour évoquer son travail.
Toute ma vie, j'ai voulu une indépendance.
Dans les colonnes du nouveau Grazia en kiosques cette semaine, Julie Gayet s'est justement confiée à propos de sa place dans le monde du cinéma, non plus de comédienne à succès mais bien de productrice et réalisatrice, reconnue en tant que telle. L'occasion pour elle d'évoquer aussi la place particulière qu'occupent les femmes dans le monde du septième art et la vie en général.
"Toute ma vie, j'ai voulu une indépendance, ne pas être définie par rapport à ça : être femme, commence-t-elle. Mais je ne vais pas non plus contre ça, je suis de la génération qui s'est méfiée d'un certain féminisme qui était devenu purement vindicatif à l'usure du temps. Ma génération a d'abord voulu regagner en féminité. Réinventer son féminisme, réinventer sa place."
Une place parfois difficile à trouver ou à prendre, d'autant plus pour une femme qui souhaite faire ses preuves et s'imposer dans un monde encore parfois trop régi par les hommes. Heureusement, rares sont celles qui se laissent décourager. "On remarque, sur les plateaux, qu'il y a de plus en plus de femmes au son, à l'image et de femmes chefs opérateurs ou machinos femmes. Des secteurs autrefois totalement réservés aux hommes", n'est-elle pas peu fière de constater.
Le regard sur les actrices a changé.
A une époque où la parité et l'égalité entre homme et femme tend à s'imposer, il semble naturel que le regard sur la gent féminine se modifie en même temps que la société évolue. Le cinéma ne fait pas exception à la règle... "Le regard sur les actrices a changé. Quand je repense à ce qu'on disait aux filles qui démarraient dans les années 1990 : ne jamais jouer de rôle de fille bourrée, ça pourrait nous stigmatiser ou nous salir !", a-t-elle plaisanté.
Aujourd'hui, la talentueuse comédienne est libre de jouer ce qui lui plait, et surtout de se tourner vers ce qui l'attire et la passionne désormais, à savoir la production. "Comme actrice, mon but était de me plonger dans la tête du metteur en scène, de comprendre son fantasme, son monde. Adopter ce point de vue pour qu'on arrive à s'entendre, à raconter la même chose. Producteur c'est ça, pour moi. Traduire le point de vue d'un cinéaste", explique celle qui dirige d'une main de maître sa société Rouge International. Pari réussi pour Julie Gayet, qui vient de terminer le deuxième volet de Cinéast(e)s, un documentaire coréalisé avec Mathieu Buisson, salué par la critique et diffusé le 29 septembre prochain sur Ciné + Emotion.
Coline Chavaroche