Pour la princesse Leonor des Asturies, cette année 2018 aura été celle du baptême du feu. Jusqu'alors préservée par ses parents le roi Felipe VI et la reine Letizia des obligations liées à son statut d'héritière du trône depuis l'avènement de son père le 18 juin 2014, l'adolescente, qui a eu le temps de se familiariser avec les attentes médiatiques à son égard, a commencé à prendre la pleine mesure de son rôle. Mercredi 31 octobre 2018, jour de son 13e anniversaire, elle a franchi un nouveau palier symbolique en prononçant son premier discours.
Décorée en janvier de l'ordre de la Toison d'or par son père le roi, présentée en septembre en principauté des Asturies, "son" royaume, la princesse Leonor a fait sa toute première intervention lors d'un acte officiel à l'occasion d'un événement fort en termes de symbole : le 40e anniversaire de la Constitution espagnole, célébré au sein de l'Institut Cervantes à Madrid. Née le même jour que le texte fondamental de son pays, difficile de faire mieux pour une future reine.
Felipe avait lui-même 13 ans, alors héritier du trône occupé par son père le roi Juan Carlos Ier, au moment de son premier discours, prononcé en 1981 lors de la cérémonie des Prix Prince des Asturies. Malgré l'enjeu et le trac qu'elle devait très sûrement ressentir, Leonor affichait un sourire radieux à son arrivée en famille : la reine Letizia et l'infante Sofia, soeur cadette de la princesse des Asturies, étaient bien évidemment présentes pour assister à ce grand moment, en présence également des représentants des trois pouvoirs – le nouveau Premier ministre Pedro Sanchez pour l'exécutif, la présidente du Congrès Ana Pastor et le président du Sénat Pío García-Escudero pour le législatif, ainsi que le président de la Cour constitutionnelle Juan José González Rivas et le Conseil général du pouvoir judiciaire Carlos Lesmes pour le judiciaire.
Le roi Felipe a étrenné les plâtres en faisant lecture du préambule de de la Magna Carta avant de céder la place au pupitre à sa fille, restant tout à côté d'elle tandis qu'elle s'acquittait de sa mission, lisant quant à elle l'article 1 sans faillir : "L'Espagne, a-t-elle commencé par énoncer d'une voix assurée, est constituée en un État social et démocratique de droit, qui prône comme valeurs supérieures de son ordre juridique la liberté, la justice, l'égalité et le pluralisme politique" ; "la souveraineté nationale réside dans le peuple espagnol, de qui émanent les pouvoirs de l'État" ; "la forme politique de l'État espagnol est la monarchie parlementaire". La lecture des articles suivants a par la suite été assurée par les autres représentants des instances nationales présents.
Visiblement au comble de la fierté, le roi Felipe a échangé avec Leonor un tendre baiser alors qu'elle quittait l'estrade, pour aller ensuite embrasser sa mère Letizia, qui avait suivi attentivement ces instants depuis le premier rang du public, avec Sofia. Une petite séance photo improvisée dans la rue avant de regagner le palais de la Zarzuela, et voilà comment la princesse des Asturies, très bonne élève, a réussi haut la main son examen de passage.