"Ça fait plaisir de la revoir en quarts d'un Grand Chelem." La phrase est signée Maria Sharapova, grandissime favorite de cet US Open 2012 et qualifiée pour les quarts de finale après une démonstration face à la pauvre Nadia Petrova qui n'aura fait illusion que l'espace d'un seul et unique set (6-1, 4-6, 6-4).
Et l'adversaire dont elle parle n'est autre que la Française Marion Bartoli, qui renoue avec le succès après une longue période de doute où passer les premiers tours relevait de l'exploit. Résultat, la numéro un française est doucement passée de la 7e à la 11e place mondiale. En s'imposant face à la Tchèque Petra Kvitova, classée cinquième à la WTA, Marion Bartoli réalise ainsi l'une de ses plus belles performances en Grand Chelem et atteint ce stade de la compétition dans le seul tournoi où elle ne l'avait encore fait.
Pourtant, l'affaire s'annonçait compliquée. A Montréal, il y a un mois, la Tchèque avait balayé la Française, 6-1, 6-1. Un tarif une nouvelle fois infligé à Marion Bartoli au premier set... Le pire était alors redouté, mais l'Auvergnate a fait la démonstration de qualités qu'on ne lui avait pas connues depuis longtemps. "Après la première manche, je me suis dit que ça faisait beaucoup de 6-1 d'affilée... Mais j'ai continué à y croire", expliquait la jeune femme de 27 ans.
Combative, vive, incisive et précise, Marion Bartoli a retourné la tendance sous les yeux d'Amélie Mauresmo, nouvelle capitaine de l'équipe de Fed Cup. Petra Kvitova n'a pas vu le jour dans les deux sets suivants, laissant une Marion Bartoli imposer son jeu, avec un dernier set où cette dernière a donné l'impression de marcher sur l'eau. Serrant le poing, s'encourageant, elle a trouvé la force de retourner tous les services de son adversaire pour faire exploser son Petra Kvitova en deux sets (6-1, 6-0). "Je ne veux pas parler d'état de grâce, a-t-elle expliqué après le match. Je m'en suis approchée mais je me méfie, j'espère surtout reproduire ce niveau de jeu en quarts de finale car je ne compte pas m'arrêter là. Je connais suffisamment le tennis pour savoir que je peux faire un match pourri au prochain tour et prendre deux petits sets."
Amélie Mauresmo était aux anges, et son père ne l'était pas moins. Walter, son entraîneur de papa, était plus qu'heureux de la voir à ce niveau. Tous deux en effet entretiennent une relation fusionnelle qui jusqu'à présent a empêché la Française de disputer la Fed Cup et les Jeux olympiques. Inquiet de voir sa fille "pratiquer un tennis suffisamment punchy pour rivaliser avec les meilleurs", papa Bartoli peut être rassuré après le match solide réalisé précédemment face à la nouvelle pépite tricolore, Kristina Mladenovic.
"J'avais mon père d'un côté, Amélie et Emilie (Loit) de l'autre, j'ai puisé leur énergie et leurs encouragements, ça a fait un bon mélange", confiait la numéro 1 française. Cela faisait bien longtemps que Marion Bartoli n'avait pas affiché un tel niveau et une telle solidité mentale. "J'ai fait un des meilleurs matches de ma saison, le scénario est assez incroyable", poursuivait-elle.
Et celui-ci pourrait l'être encore plus si elle venait à s'imposer face à Maria Sharapova pour atteindre les demi-finales. Un petit exploit après trois éliminations de suite dès le second tour...