Passés tout près de l'humiliation en Biélorussie, les Français ont su réagir en seconde mi-temps pour aller chercher un succès (4-2), le premier depuis le 22 mars dernier et une victoire face à la Géorgie (3-1), et ainsi mettre fin à une période record de 526 minutes sans marquer. Un record qui datait de 1924. Ce rebond, les Bleus le doivent à une seconde mi-temps efficace à défaut d'être brillante, après le néant affiché lors des 45 premières minutes. Le tout grâce à un homme, un ancien banni de Knysna, Patrice Evra.
Non aligné au coup d'envoi, le joueur de Manchester United et ancien capitaine de l'équipe de France au coeur du scandale de Knysna lors de la Coupe du monde en Afrique du Sud en 2010 – ce qui lui avait valu plusieurs matches de suspension – a pris la parole à la mi-temps alors que les joueurs, menés 1-0, étaient abattus.
Une prise de parole salutaire pour Franck Ribéry, brillantissime ce 10 septembre du côté de Gomel avec deux buts inscrits et une activité de tous les instants. "Pat a fait un beau discours, un discours d'homme qui nous a fait beaucoup de bien, confiait le joueur du Bayern Munich qui brigue le Ballon d'or en fin d'année. Cela nous a donné du courage et de l'envie parce qu'on était abattus à la pause. Il nous a tout simplement dit qu'il fallait jouer, se lâcher, que l'on respectait la Biélorussie, mais que l'on était l'équipe de France, qu'on était plus forts qu'eux et que, si on voulait se qualifier pour les barrages, il fallait montrer un autre visage et se remettre en cause."
Un discours qui a transcendé les Bleus qui, deux fois menés au score, sont parvenus à se surpasser pour revenir à chaque fois avant de prendre l'avantage par Samir Nasri et Paul Pogba. Et tous ont mis en avant les mots de Patrice Evra, le meneur de la révolte de Knysna, cloué au pilori après ce sombre épisode de l'histoire de l'équipe de France. "Son message nous a reboostés", a confié Mathieu Valbuena. Même son de cloche pour Blaise Matuidi qui a souligné "le rôle de cadre" de Patrick Evra : "Il y a eu Pat, qui a trouvé les mots pour nous remobiliser. Il nous a demandé de nous relâcher, d'avoir confiance en nous. Ses mots ont mis les plus jeunes en confiance."
Didier Deschamps a lui aussi mis en avant le rôle de l'ancien capitaine des Bleus : "Il y a des joueurs qui ont parlé, oui, et Patrice, même s'il ne jouait pas, a eu un rôle important. En plus, il est dans une situation difficile, puisqu'il a vécu un deuil cet après-midi." Outre Patrice Evra, un autre joueur a sauvé les Bleus après des mois de mises à l'écart du groupe France.
Samir Nasri, sanctionné après ses insultes à la presse lors de l'Euro 2012, a inscrit le troisième but tricolore, donnant l'avantage aux siens et envoyant l'équipe en barrage du mondial 2014 au Brésil en assurant ainsi la deuxième place du groupe derrière l'intouchable Espagne. Cette fois-ci, pas de propos déplacés, de simples poings fermés et une joie partagée avec ses coéquipiers...
Deux sauveteurs qui prennent là une savoureuse revanche après des mois de purgatoires. Pas sûr pour autant que cela suffise à envoyer la France à Rio l'été prochain.