Ce fut, exception faite de la présence d'un invité qui n'aurait pas dû être de la fête, la seule ombre au tableau du grand week-end de célébrations du jubilé de diamant de la reine Elizabeth II : le prince Philip, 91 ans dimanche (10 juin), a dû être hospitalisé en urgence lundi 4 juin 2012 en raison d'une infection à la vessie alors que les festivités battaient leur plein et à quelques heures du concert événement organisé pour l'occasion à Buckingham Palace, où le siège qui lui était dédié est resté vide toute la soirée.
Ce soir-là, la reine est arrivée tardivement, vers 21 heures, alors que le spectacle était déjà bien entamé et que le Gallois Tom Jones venait de faire vibrer la foule. La souveraine de 86 ans revenait d'une visite à son époux à l'hôpital londonien Edward VII. 90 minutes plus tard, leur fils aîné, en marge de son hommage public à Sa Majesté sa "mummy", se fendait d'une attention touchante pour son "daddy", en appelant le public à faire du bruit pour que "peut-être son père entende depuis sa chambre à l'hôpital", provoquant une réaction émue de sa mère. Le lendemain, mardi 5, une photo a fait couler beaucoup d'encre : celle de la reine Elizabeth II semblant essuyer ses yeux lors de la messe célébrée en son honneur en la cathédrale Saint Paul, un geste que la presse britannique a observé et interprété comme un moment de détresse de la reine, privée, une fois n'est pas coutume, de celui qui n'a jamais failli à ses côtés en 64 années de mariage.
"Très déçu" de ne pas pouvoire prendre part aux célébrations du jubilé de son épouse jusqu'au bout, lui qui était resté avec elle debout dans le froid et la pluie quatre heures durant, lors de la parade fluviale sur la Tamise, le duc d'Edimbourg espérait bien être en condition de quitter l'hôpital pour fêter son 91 anniversaire en famille dimanche 10 juin. Mais c'est compromis : le palais royal a confirmé vendredi qu'il ne fallait pas y compter, tandis que ses petits-fils les princes William et Harry lui rendaient ce même jour dans l'après-midi visite à l'hôpital et ressortaient de l'établissement avec une bonne humeur de bon augure. Le ministre de la Défense a toutefois indiqué que l'artillerie des troupes du roi tirerait bien, comme chaque année, un salut aux canons en l'honneur de l'anniversaire du prince consort dimanche, une célébration ouverte au public (mais à laquelle la famille royale n'assiste pas).
Le duc d'Edimbourg, qui avait été hospitalisé en début d'après-midi de lundi, devait rester sous observation "pour plusieurs jours", à titre de "précaution" en raison de son âge avancé, avaient stipulé les médecins de l'hôpital Edward VII. Il espère désormais avoir son bon de sortie à temps pour prendre part à la garden party prévue mardi pour le jubilé de diamant d'Elizabeth II à Sandringham. Ce qui serait une belle revanche, quelques mois après avoir fait faux bond au traditionnel Noël en famille dans le fief provincial de Sandringham en décembre dernier, hospitalisé là encore en urgence pour subir une angioplastie coronarienne et la pose d'un stent (23-27 décembre). S'il est sur pied pour la garden party de mardi, il le sera alors aussi pour accompagner la reine Elizabeth II en visite de deux jours dans les East Midlands, mercredi et jeudi, toujours dans le cadre du jubilé de diamant.
Les visites se sont succédé ces derniers jours : avant le prince William, en permission après sa promotion au grade de capitaine de la RAF, et le prince Harry, entre deux entraînements à la base de Wattisham, la reine était passée, bien sûr, prendre des nouvelles du duc d'Edimbourg, mais aussi leurs fils, le prince Andrew, duc d'York, et le prince Edward, venu avec son épouse la comtesse Sophie de Wessex et leurs enfants Louise et James. C'est d'ailleurs le comte de Wessex qui, mercredi, avait donné les premières nouvelles, affirmant que son père allait beaucoup mieux : "il a besoin de se reposer", avait-il ajouté, précisant que la reine "tenait le coup, mais qu'il lui manquait, de toute évidence". Le même jour, Elizabeth II et le duc d'York avaient également rendu visite au malade ensemble, ressortant avec des visages souriants et rassurants.
Mais la prudence est de mise. Depuis son hospitalisation en avril 2008 en raison d'une infection pulmonaire, puis l'épisode des rumeurs de cancer de la prostate qui l'ont obligé à une déclaration publique inédite (autorisée par la reine) pour démentir (auteur de l'allégation mensongère, l'Evening Standard s'était alors rétracté), la santé du prince Philip est un sujet sensible pour les sujets de Sa Majesté, très attachée à cette figure patriarcale, alter ego infaillible de la monarque. Et l'état de forme déclinant du duc d'Edimbourg n'était évidemment pas pour rien dans l'annonce qu'il avait faite, en juin 2011, de sa volonté de réduire ses engagements officiels (le duc et la duchesse de Cambridge, désormais mariés, étant pressentis pour reprendre le flambeau de certaines de ses prérogatives, estimant "avoir fait sa part".