Avec ses allures de grand clown maladroit qui lui ont longtemps collé à la peau, Valérie Lemercier occupe une place de choix dans la grande famille des comiques français. Son humour incisif, son autodérision tordante et son plaisir évident à jouer de ses talents de danseuse lui ont permis de s'imposer, d'abord à la télévision puis sur grand écran.
La bourge coincée
Comme beaucoup, c'est grâce à la télévision qu'elle se fait remarquer. Dans la série Palace, qui suit le quotidien d'un hôtel de luxe fréquenté par des aristocrates, Valérie Lemercier interprète sept personnages hauts en couleur, et use de déguisements et autres imitations. Burlesque et complètement décalée, la série diffusée sur Canal+ devient vite culte, malgré seulement six épisodes. A 24 ans, elle décolle en flèche. Elle joue aux côtés de François Cluzet dans Sexes faibles !, et enchaîne une foule de seconds rôles jusqu'à celui, inoubliable, de bourgeoise coincée dans Les Visiteurs, avec Jean Reno et Christian Clavier et André Dussollier. Immédiatement après, elle réalise son deuxième film, Le derrière, avec Dieudonné etClaude Rich, et impressionne la critique. Elle montre ensuite une face plus intime et sobre de son talent chez Claire Denis dans Vendredi soir, où elle vit une étrange passion avec Vincent Lindon. Elle confiait à l'époque : "Dans ce film, on ne peut pas commencer à se cacher, ni chercher la performance. Il faut s'ouvrir et laisser les gens voir un peu plus à l'intérieur."
Quelques apparitions plus tard (RRRrrrr! d'Alain Chabat, Narco avec Guillaume Canet), elle réalise son troisième film, Palais Royal !, dans lequel elle joue une jeune reine maladroite. Un sujet qu'elle connaît décidément bien, et une renommée qui lui permet d'attirer Catherine Deneuve au casting. La star confirmait le caractère déluré de la comédienne-réalisatrice : "Valérie est quelqu'un de zinzin, mais au bon sens du terme, elle est incroyable de folie et de sérieux mélangés."
Un deuxième César et une popularité intacte
Fauteuils d'orchestre, un film choral avec Cécile de France et Albert Dupontel, offre à Valérie Lemercier un deuxième César pour son rôle de comédienne névrosée. Elle y retrouve d'ailleurs le cinéaste américain Sydney Pollack (Out of Africa), qui lui avait offert un petit rôle dans son film Sabrina avec Harrison Ford.
Les années suivantes, Valérie Lemercier est sur tous les fronts. Elle présente deux fois d'affilée et avec un humour décapant la cérémonie des César, et s'illustre dans Le héros de la famille où elle retrouve Catherine Deneuve, puis L'invité, avec Daniel Auteuil et Thierry Lhermitte. Elle tient le haut de l'affiche d' Agathe Cléry, une comédie musicale d'Etienne Chatiliez (Tanguy) sur une jeune cadre raciste qui devient noire. Un rôle extravagant dans lesquel la comédienne s'est beaucoup investie. Elle racontait à Ecranlarge.com à la sortie du film : "C'était la première fois que j'avais un rôle si important. J'avais 3h30 de maquillage le matin, et encore 1h30 le soir. Je voulais jouer ce que je n'avais jamais joué, et j'ai dansé 4h tous les jours pour me préparer."
De retour sur les planches la même année, elle partageait son amour de la comédie avec L'Express Styles : "C'est au théâtre que je vibre le plus. Au cinéma, il y a un tel décalage entre le temps de l'écriture et la sortie du film !" Elle revient du coup aux seconds rôles dans des succès populaires comme Le Petit Nicolas.
Actuellement à l'affiche de Bienvenue à bord aux côtés de Frank Dubosc, son compagnon du Conservatoire de Rouen, Valérie Lemercier est également attendue dans L'amour dure trois ans de Frédéric Beigbeder avec Louise Bourgoin, et fait partie du casting prestigieux d'Astérix et Obélix : Au service de sa Majesté, avec Edouard Baer, Gérard Depardieu, Fabrice Luchini, et Catherine Deneuve en Reine d'Angleterre.
Guidée par son plaisir et ses convictions, elle a livré un duo avec Marc Lavoine, La Grande Amour, et est apparue au dé de Jean-Paul Gaultier en mars 2011 lors de la Fashion Week. Il y a peu, elle se préparait encore à danser Main dans la main dans le prochain film de Valérie Donzelli).
La suite du programme ? Un quatrième film devant et derrière la caméra, tiré d'un fait réel pour le moins déconcertant. "Une Américaine qui a adopté un enfant russe l'a remis dans l'avion parce qu'il ne lui plaisait pas - il avait 7 ans. Ce sera une comédie," déclarait-elle dans Vogue. Rien de plus normal pour une comédienne capable de rire de tout, et d'amuser avec tout ce qu'on lui donne.
Geoffrey Crété