Entre la naissance d'un nouvel héritier pour la couronne d'Angleterre et deux intronisations, l'année 2013 aura été synonyme de renouveau pour les monarchies européennes. Un renouveau qui s'incarne dans une jeune génération de rois et reines en puissance, à tendance girl power, dont l'existence est déjà en soi un apprentissage sur le chemin menant au trône. Petit tour d'horizon de ces monarques en herbe aux destins divers mais à l'horizon similaire...
George de Cambridge et Estelle de Suède : la classe biberon promet !
Deux ans après le "nouveau" mariage du siècle, celui du prince William et de Kate Middleton célébré en 2011 30 ans après celui du prince Charles et de Diana Spencer, qui a focalisé l'attention du monde entier et suscité un regain de popularité pour la monarchie britannique, la naissance du premier enfant du duc et de la duchesse de Cambridge a été indéniablement l'événement de l'année. Au-delà du facteur émotion et de l'hystérie collective, la venue au monde du prince George de Cambridge, le 22 juillet 2013 à Londres, assure la succession au trône en ligne directe sur trois générations. Illustration phare de cette pérennité et de cet "espoir" - souligné par l'archevêque de Canterbury Justin Welby - apportés par le nouveau-né, l'un des portraits officiels réalisés le 23 octobre par le photographe de mode Jason Bell à l'occasion de son baptême figurait quatre générations de monarques (l'un en exercice, les autres en puissance) réunies, pour la première fois en près de 120 ans : la reine Elizabeth II posait en compagnie du prince Charles, du prince William et du prince George de Cambridge, portrait régalien rappelant celui, en 1894, du futur Edward VIII, avec son père George V, son grand-père Edward VII, et son arrière-grand-mère la reine Victoria. A propos de renouveau, il faut noter que la naissance du prince George a entraîné deux changements importants dans les règles de succession, initiés en 2011 et ratifiés en avril 2013 : la primogéniture stricte a remplacé la primogéniture masculine précédemment en vigueur (modification décidée pour permettre au premier enfant de William et Kate de régner quel que soit son sexe) d'une part, et d'autre part la nécessité d'un mariage du monarque - chef suprême de l'Eglise anglicane) - avec un conjoint de confession catholique romaine a été abrogée.
Bébé royal relativement secret jusqu'à présent, protégé des regards du public par ses parents, le prince George de Cambridge participera à son premier "acte officiel" - international, de surcroît - au début du printemps 2014, accompagnant ses parents le duc et la duchesse de Cambridge lors d'une tournée d'un mois en Australie et en Nouvelle-Zélande. Et si ce voyage précoce du bébé témoigne une fois encore du désir de modernité de William et Kate, prompts à s'inscrire en rupture avec la tradition, il apparaît aussi comme une présentation formelle fondatrice, dans une région du Commonwealth très attachée à la royauté et à Elizabeth II, de celui appelé à régner à la fin du XXIe siècle.
Beaucoup moins secrète, son homologue suédoise la princesse Estelle, née le 23 février 2012, est pour ainsi dire déjà dans la vie active de prétendante au trône. Héritière au second rang après sa mère la princesse Victoria, la toute jeune duchesse d'Östergötland compte déjà un certain nombre d'apparitions officielles à son actif, entre (nombreux) portraits publiés par le palais royal et participations à des rendez-vous de la vie officielle (anniversaires royaux, audiences...). Première femme dans l'histoire de la Suède à naître avec le statut inamovible d'héritière (en second) du trône, à la faveur de la modification du 1er janvier 1980 des règles de succession (adoption de la primogéniture stricte qui assurait à la princesse Victoria de régner, au détriment de son frère le prince Carl Philip né en 1980), la princesse Estelle de Suède a de quoi susciter, à même pas encore 2 ans, beaucoup d'enthousiasme : très éveillée, expressive et volontaire (on pouvait dernièrement le constater lors des voeux de fin d'année du couple héritier), la demoiselle à la bouille totalement craquante inspire confiance.
Catharina-Amalia des Pays-Bas, Elisabeth de Belgique : Les nouvelles héritières
Si George de Cambridge et Estelle de Suède n'ont pas encore conscience du poids qui pèse sur leurs menues épaules, les princesses Catharina-Amalia des Pays-Bas et Elisabeth de Belgique commencent à l'envisager. Chacune des deux fillettes a vu en 2013 son père devenir roi, et est devenue l'héritière en titre. Un statut qui induit de grandes responsabilités, pour lesquelles il faut se préparer sans plus attendre.
Aînée des trois filles du roi Willem-Alexander des Pays-Bas et de la reine Maxima, la princesse Catharina-Amalia n'avait pas encore 10 ans (elle les a eus le 7 décembre dernier) lorsque son père a succédé, le 30 avril 2013, à sa propre mère la reine Beatrix. Titrée princesse d'Orange depuis ce jour, et promise au trône en vertu de la règle de primogéniture absolue qui est en vigueur dans le royaume depuis 1983, la demoiselle à l'air souvent un peu revêche n'était jusqu'à présent que très peu impliquée dans la vie publique, en dehors de quelques événements culturels et... des célébrations d'accueil de Zwarte Piet, serviteur de Saint-Nicolas, en période de Noël. A part quelques actes officiels exceptionnels en famille (avec ses soeurs Alexia, 8 ans, et Ariane, 6 ans) ou des traditionnelles séances photo protocolaires (portraits officiels, séance photo des vacances d'été), sa présence publique est insignifiante, mais, à l'heure de l'adolescence, il y a fort à parier que ses parents lui mettront très rapidement le pied à l'étrier. D'autant qu'un poste au sein de l'organe consultatif du Conseil d'Etat l'attend déjà, lorsqu'elle aura 18 ans.
Pour sa voisine et aînée la princesse Elisabeth de Belgique (royaume où la loi salique a été abrogée en 1991), 12 ans, le passage au statut d'héritière à l'occasion de l'avènement de son père Philippe sur le trône s'est accompagné de premières contrariétés : à l'automne 2013, la fillette toute discrète était la cible d'un fanatique qui, dans des courriers fortement xénophobes adressés à la presse, menaçait très sérieusement de l'enlever. Du coup, c'est désormais sous la surveillance d'un dispositif policier dédié que la princesse, première reine des Belges en puissance, va en cours au Collège Sint-Jan Berchmann. Des mesures de protection que le roi Philippe aurait aimé voir étendre au reste de la fratrie (Gabriel, 10 ans, Emmanuel, 8 ans, et Eléonore, 5 ans), selon certains médias. A contrario de son homologue néerlandaise, la jeune duchesse de Brabant a déjà cumulé quelques engagements officiels depuis ses grands débuts lors de la Fête nationale 2006. Au printemps dernier, on pouvait la voir découvrir une expo sur l'Antarctique au côté de son père.
Christian de Danemark, Ingrid Alexandra de Norvège, Leonor d'Espagne
Avec son lointain cousin le prince George de Cambridge, le prince Christian de Danemark fera de la résistance, au sein d'une génération royale à large dominante féminine, puisqu'outre les princesses Estelle, Catharina-Amalia et Elisabeth, les princesses Ingrid Alexandra de Norvège et Leonor d'Espagne se trouvent en position de régner un jour.
Le fils aîné du prince héritier Frederik de Danemark dégage déjà, à seulement 8 ans, une assurance assez remarquable. Il faut dire que le futur roi Christian XI, qui doit son prénom à une stricte alternance en vigueur depuis le 16e siècle (chaque premier-né d'un héritier au trône étant nommé Frederik ou Christian), a acquis malgré son jeune âge une certaine expérience, depuis sa toute première mission, accomplie en 2006 avec son grand-père le prince consort Henrik au zoo de Copenhague. En janvier 2012, le garçonnet endossait à merveille son habit de futur souverain lors du dévoilement d'un portrait le représentant avec la reine Margrethe II et le prince héritier Frederik. Au Danemark, la loi salique a été abrogée en 1953, mais les débats pour adoper la primogéniture stricte n'ont pas encore abouti.
En Norvège, où la Constitution a entériné en 1993 la primogéniture stricte non rétro-active (auquel cas, c'est la princesse Märtha-Louise, et non le prince Haakon, qui aurait été héritière), la princesse Ingrid Alexandra, fille aînée du prince héritier Haakon et de la princesse Mette-Marit, a un pédigrée assez comparable. La jeune fille, qui fêtera le 21 janvier 2014 son 10e anniversaire, a déjà commencé à se familiariser avec les obligations qui incombent à son rang. Outre sa participation aux célébrations de la Fête nationale ou aux manches de coupe du monde de ski, elle était par exemple en décembre 2012 l'invitée centrale d'un programme télé jeunesse au profit de l'association écologique Environnemental Agents.
En Espagne, l'infante Leonor, aînée des deux filles du prince héritier Felipe et de la princesse Letizia, n'en est pas encore là. Dans une monarchie ibérique en pleine crise de confiance, entre scandales et déclin du roi Juan Carlos Ier, la fillette de 8 ans semble encore très intimidée lors des événements publics. Le prince et la princesse des Asturies, omniprésents en 2013, ont multiplié au cours de l'année les apparitions publiques avec leurs filles, qui apparaissent cette année encore sur la carte de voeux familiale. Prémices d'une plus grande implication de l'infante Leonor ?
Maroc, Jordanie, Japon : Une relève 100% masculine
Si une génération de reines se profile en Europe, ce n'est pas le cas en dehors. Au Maroc, le prince Moulay Hassan, fils aîné du roi Mohammed VI et de la princesse Lalla Salma, se prépare déjà à régner un jour tandis que sa soeur cadette Lalla Khadija est exclue de la succession. Le frêle prince, qui a fêté ses 10 ans le 8 mai 2013 et affiche un flegme étonnant, est de plus en plus engagé dans la vie publique, parfois même en solo.
En Jordanie, le prince Hussein, aîné des quatre enfants du roi Abdullah II et de la reine Rania, est depuis 2004 l'héritier désigné et depuis 2009 le prince héritier en titre. Agé de 19 ans, il a depuis sa majorité acquise en juin 2012 assumé à plusieurs reprises la régence du royaume hachémite.
Au Japon, c'est le prince Hisahito, 7 ans (né le 6 septembre 2006), neveu du prince héritier Naruhito, père avec la princesse Masako d'une fille unique exclue de la succession, qui figure en 3e position dans l'ordre de succession au trône après son oncle et son père, Akishino.
Le cas à part...
A Monaco, le prince souverain Albert II, 55 ans, n'a pas encore de descendance légitime, ses enfants reconnus issus de deux relations (Alexandre et Jazmin), n'entrant évidemment pas dans l'ordre de succession. Pour l'heure, c'est sa soeur aînée la princesse Caroline de Hanovre qui est l'héritière théorique en principauté, suivie par son fils aîné Andrea Casiraghi et le poupon de ce dernier, Sacha, né en mars 2013. Le prince Albert et la princesse Charlene auront-ils le bonheur d'annoncer en 2014 une grossesse tant attendue, qui offrira un héritier au Rocher ? Un heureux événement qui pourrait aussi se produire du côté du grand-duché de Luxembourg, dans le ménage des jeunes mariés Guillaume, grand-duc héritier, et Stéphanie...