A un mois de la rentrée des chaînes de télé, le mercato est quasiment terminé : certains animateurs ont changé de chaîne, voire de groupe (Céline Bosquet a quitté I-télé du groupe Canal+ pour arriver sur M6) et d'autres ont arrêté leur émission, comme Frédéric Lopez.
L'animateur de Rendez-vous en terre inconnue a pris une décision qui a laissé le public incrédule : il a choisi d'arrêter son émission Panique dans l'oreillette... malgré le succès ! Invités prestigieux, concept drôle et original, audience au rendez-vous (1,6 million de téléspectateurs en moyenne), Panique dans l'oreillette avait tout pour séduire le public pendant encore quelques saisons. Et pourtant, en raison d'un budget trop serré ne permettant pas d'exploiter le concept, Lopez a préféré faire ses adieux à l'oreillette (tout en restant sur la chaîne France 2). Comme il a du temps de libre, il reprend du service à la radio, sur RFM.
Même si elles sont rares, ces émissions qui sont arrêtées en plein succès existent : parfois, même les bonnes audiences ne suffisent pas à les maintenir dans la grille des programmes. Nos confrères de Télé 2 semaines analysent trois exemples : Tout le monde en parle, Le Bigdil et Le morning Live.
Tout le monde parle de ce désaccord
Après huit ans à la tête du célèbre talk-show de deuxième partie de soirée de France 2, l'homme en noir claque la porte. Même si l'émission, devenue culte, cartonne (1,68 million de fidèles), le (futur ex) PDG de France Télévisions Patrick de Carolis le contraint à choisir entre employeur privé (Paris Première, où Ardisson officiait) et employeur public (France Télévisions). Amer, Thierry Ardisson décidera de privilégier la chaîne du groupe M6 en 2006 tout en préparant Salut les terriens sur Canal+ : une émission qui a un arrière-goût de Tout le monde en parle... en moins bien. La fin de l'émission culte de France 2 (dont le concept a été vendu au Canada) a quand même marqué la société grâce aux gimmicks inoubliables : "Magnéto Serge", "est-ce que s**** c'est tromper ?", sans oublier le fameux blind test de fin d'émission et les interviews à thèmes. Huit années de clashes, de coups de gueule, de révélations, de fous rires, de propos choquants et de talent imputables à ce journaliste génial (bien qu'irrévérencieux) capable du pire, comme du meilleur. The End.
Bigdil et Morning live : les émissions qui fatiguent... les animateurs !
Début 2000, Michaël Youn réveille ses voisins (et les nôtres par la même occasion) dans le Morning live, l'émission matinale de M6 : grâce à l'alternance de clips et de sketches (souvent scatologiques et toujours ineptes), Youn et ses acolytes fidélisent les jeunes. A chaque émission, Youn sort son grand engin (son mégaphone) pour hurler et troubler l'ordre public... et ça plaît régulièrement à un peu de 300 000 téléspectateurs. Une très belle audience à cette heure-là ! Mais en 2002, après deux ans de sketches quasi-ininterrompus 19h/24, l'équipe fatigue : Michaël Youn, Vincent Desagnat et Benjamin Morgaine préfèrent arrêter, exténués par le rythme. En seulement deux ans pourtant, cette matinale a acquis le statut de programme culte, jamais inégalé sur M6. Michaël pensera aussi qu'il fallait partir avant l'usure... pas faux, mais c'était courageux. Désormais, Youn continue de nous faire rire au cinéma notamment, avec Fatal.
C'est pour la même raison que Le Bidgil (TF1) est arrêté en 2004 après six ans de succès (pas loin de 5 millions d'accros à 19h00). Vincent Lagaf', ses fameuses gafettes et le gros extraterrestre Bill font alors leurs adieux : Lagaf' est fatigué de ce marathon quotidien décrit par le producteur comme "un jeu très physique, avec des répétitions minutieuses et des cascades". Las, Lagaf' préfère arrêter. Quant au gros Bill, le mystère plane sur sa reconversion...
Mais aussi... des émissions sur les médias
D'autres émissions ont été stoppées malgré le succès : c'est le cas par exemple de Culture pub (M6 puis NT1) et Arrêt sur images. De 1995 à 2007, Arrêt sur images décrypte l'actualité des médias sur France 5 : Daniel Schneidermann et ses chroniqueurs incendient (souvent) et encensent (plus rarement) le PAF. L'émission est reconnue et jouit d'une belle légitimité et pourtant... Il y a trois ans, la direction prend la décision d'arrêter les frais et de remplacer Arrêt sur images par une autre émission de médias. La mort télévisuelle du programme est difficile à avaler pour le journaliste Schneidermann mais la marque ressuscite grâce au web puisque depuis 2008, un site (partiellement payant) est mis en ligne. Une résurrection qui n'est pas sans rappeler celle d'une autre émission culte : Culture Pub.
De 1987 à 2005, Christian Blachas nous propose les meilleures publicités du monde le dimanche soir : pubs drôles, choquantes ou justes esthétiquement réussies, tout nous est montré. Et les fans sont plutôt très fidèles pour un programme aussi tardif : les Français se révèlent de vrais publivores ! Et pourtant, suite à un désaccord éditorial (quelques censures de M6 seraient en cause), le programme s'arrête. Pour mieux revivre sur NT1 et sur internet. Sur le web, espace de liberté, toutes les meilleures publicités y sont répertoriées et une émission est proposée toutes les semaines avec le ton libre de Blachas qui nous était familier. Badoumba !
La fin d'un jeu culte
Pendant deux ans, jusqu'en 2002, Alain Chabat nous ravit avec son Burger Quiz sur Canal + : un jeu qui est devenu incontournable pour les fans des Nuls (ils s'étaient reformés lors d'une émission) et de l'humour Canal. Avec un concept humoristique novateur (le jeu se déroule dans un fast-food, les points s'appellent des miams), des stars omniprésentes (deux stars répondent aux questions pour un candidat) et une bonne dose de dérision, Burger Quiz est un succès. Pourtant, à l'été 2002, l'émission s'arrête : la passation de pouvoir (Alain Chabat a laissé sa place d'animateur à différentes célébrités allant de Laurent Baffie à Kad et Olivier) n'a pas suffi. Sans raison particulière, le jeu s'arrête laissant les fans dans un deuil inconsolable (des groupes facebook existent pour voir le retour de Burger Quiz). Chabat a délaissé le statut d'animateur pour reprendre le chemin des studios : en tant que voix off (de Shrek) ou producteur (Babies). Il prépare actuellement son Marsupulami... avec son pote Jamel Debbouze .
Quelques exemples émergent donc parmi les nombreuses émissions arrêtées faute d'audience : c'est finalement rare qu'un animateur puisse se payer le luxe d'arrêter en pleine gloire...