Trois mois après l'affaire Régis de Camaret, une nouvelle affaire de viols sur des joueuses mineures secoue le monde du tennis. Un coach a été incarcéré, provoquant la stupeur au sein de son club de Levallois, présidé par un Henri Leconte sous le choc.
Henri Leconte, "choqué et effondré"
Andrew Geddes, 48 ans et père de deux enfants, a été mis en examen et incarcéré le 7 mai jusqu'au 12 mai prochain, date à laquelle la justice décidera de son placement en détention provisoire. L'entraîneur a été mis en examen pour "viols et agressions sexuelles sur mineures par personne abusant de l'autorité conférée par ses fonctions", des faits qui auraient eu lieu entre 1999 et 2005 sur trois de ses élèves, alors qu'il évoluait au club de l'AAS Sarcelles.
Débarqué en 2008 au Levallois Sporting Club, l'homme a depuis été suspendu de ses fonctions par le président de la section tennis, Henri Leconte. "Je suis choqué et consterné, confie-t-il au Parisien. Quand j'ai vu et appris ce qui s'était passé, j'ai tout de suite pris la décision de le démettre de ses fonctions." L'ancien joueur assure qu'il ne pouvait avoir le moindre soupçon lors de l'arrivée d'Andrew Geddes au sein de son club : "Je suis arrivé au club en 2010 et il était déjà là. Il s'occupait du haut niveau et de l'équipe féminine. Seulement des majeurs. Il n'était pas en contact avec des enfants."
La surprise a d'autant été plus grande lorsque les policiers sont venus le chercher le 5 mai dernier. "J'étais à l'étranger, je débarque lundi matin et je vois la police arriver, raconte-t-il au Parisien. Je peux vous dire que ça fait un choc de voir une personne avec des menottes et qu'on vous dit qu'on l'interpelle, car elle est accusée de viol sur mineur." Un choc d'autant plus violent pour ce père d'une famille nombreuse et recomposée : "Je suis papa avant tout. Je suis effondré. Je pense aux victimes, à ces filles qui ont eu le courage de parler. Ça a dû être très dur cette souffrance depuis dix ans."
Henri Leconte annonce également avoir mis en place un soutien psychologique au sein de son club, même s'il rappelle que les faits reprochés se sont déroulés au sein du club de l'AAS Sarcelles : "Il y a des répercussions énormes et nous avons tous une grosse responsabilité pour rassurer les gens. On est là. Il faut rester solidaire dans le meilleur et dans le pire."
Viols et agressions sexuelles
Du côté de la justice, le procureur de la République de Nanterre Robert Gelli a décrit à l'AFP un homme d'une certaine "perversité, qui use de sa position pour obtenir des faveurs sexuelles". La justice enquête sur des "viols et agressions sexuelles" entre 1999 et 2001 sur l'une des élèves d'Andrew Geddes, âgée de 12 ans au moment des faits. Elle enquête également sur des agressions sexuelles et des viols qu'il aurait commis sur deux autres adolescentes âgées de 15 à 17 ans entre 2001 et 2005.
"Il ne conteste pas les relations sexuelles, mais assure qu'elles étaient consentantes. Il a reconnu toutefois un viol dans un cas particulier (celui de la jeune fille de 12 ans, ndlr), a précisé Robert Gelli. Les jeunes filles étaient sous la coupe de quelqu'un qui pouvait faire aboutir leurs espérances professionnelles."
"Pour l'une d'entre elles, il s'agirait de viols et d'agressions sexuelles sur mineures de moins de quinze ans, indique au journal L'Equipe Me Didier Leick, avocat de deux des plaignantes. De viols et d'agressions sexuelles pour les deux autres." Le club de Sarcelles, où il officiait au moment des faits, s'est constitué partie civile. Les faits se seraient déroulés à Paris, la Baule, dans les Hauts-de-Seine et le Val-d'Oise, au domicile de l'entraîneur, dans sa voiture, dans les locaux du club ou lors de déplacements pour des tournois. "Il a porté des coups, a filmé l'une d'entre elles en train de lui faire une fellation et a menacé la jeune fille de diffuser la vidéo", a également détaillé le procureur.
Isabelle Demongeot "extrèmement choquée"
Isabelle Demongeot, principale protagoniste dans l'affaire Régis de Camaret, qui avait subi des années durant les assauts, les agressions et les viols de son entraîneur depuis condamné à 10 ans de prison, a vivement réagi à cette nouvelle affaire. "Il faut que les plus hautes instances du tennis, notamment la FFT et les présidents de ligues, se portent parties civiles afin de montrer aux victimes qu'ils sont totalement derrière elles et d'inciter d'autres jeunes filles éventuellement abusées à parler", a-t-elle déclaré à l'AFP.
"Extrêmement choquée" par cette nouvelle affaire sordide, Isabelle Demongeot a avancé l'hypothèse que "les joueuses devaient être totalement sous son emprise, comme ce fût le cas pour moi". Et d'ajouter : "Les jeunes filles passent plus de temps avec leur entraîneur qu'avec leur famille. Certains ont tendance à les dévaloriser, à leur dire 'tu es le bras, mais je suis la tête. Si tu gagnes, cela sera uniquement grâce à moi'. C'est là que le jeu devient dangereux."
Rappelons que Andrew Geddes est présumé innocent jusqu'au jugement définitif de l'affaire.