Si Katy Perry avait été britannique (ou originaire d'un pays du Commonwealth), elle aurait été parfaite pour interpréter à Londres lundi soir son puissant Fireworks tandis que des nuées ardents rouges, blanches et bleues illuminaient Buckingham Palace au terme du concert en l'honneur de la reine Elizabeth II au coeur du fief de la souveraine, transformé en scène de festival devant le memorial reine Victoria, a tenu toutes ses promesses : malgré l'absence regrettable du prince Philip, époux de la reine depuis 64 ans, hospitalisé en raison d'une infection à la vessie et que la foule a accompagné de ses voeux en scandant "Philip, Philip !", le sensationnel et l'émotionnel se sont conjugués pour une ovation à l'unisson, faite par l'ensemble de la famille royale, 12 000 spectateurs privilégiés présents dans l'enceinte de Buckingham et près de 500 000 sujets de Sa grâcieuse Majesté entassés sur le Mall.
En point d'orgue, la souveraine de 86 ans, étincelante dans une robe dorée et ornée de cristaux Swarovski de sa styliste personnelle Angela Kelly, a écouté avec délectation le speech très émouvant de son fils et héritier le prince Charles, et a allumé le dernier des 4 200 fanaux scintillants partout dans le monde en l'honneur de ses 60 ans de règne.
Mais avant cette lueur dans la nuit, des étincelles, il y en a eu beaucoup sur scène, grâce à la compilation inédite de talents made in Commonwealth concoctée par Gary Barlow, qui a voulu autant que possible réunir des artistes ayant marqué les six dernières décades, sous le règne d'Elizabeth II : Robbie Williams, Sir Paul McCartney, Kylie Minogue, Tom Jones, Sir Elton John, Grace Jones, Annie Lennox, Sir Cliff Richard, Dame Shirley Bassey, Madness, Stevie Wonder, Cheryl Cole, Will.i.am, Jessie J, JLS, Jools Holland, Ed Sheeran... Quatre chevaliers et une Dame de Sa Majesté étaient au menu pour Elizabeth II, seule monarque sans doute à pouvoir se targuer d'avoir eu un disque d'or - le live de son jubilé d'or en 2002 !
Complice de Gary Barlow et bientôt papa d'une petite fille, Robbie Williams a mis le feu aux poudres en interprétant son très à propos Let Me Entertain You en ouverture du concert, survolté et accompagné par une fanfare militaire. Dans son sillage, les toniques vétérans Sir Cliff Richard, qui a joué une chanson par décennie de carrière dont son hit de 1968 Congratulations (parfaitement d'actualité), et Sir Tom Jones ont usé quelques classiques de leurs répertoires respectifs pour faire bouger une foule en liesse. Dommage que la reine Elizabeth II ne soit arrivée que vers 21h, juste à la fin du passage du crooner gallois...
La jolie poupée Cheryl Cole aura également fait sensation : outre son duo sur Need You Know avec Gary Barlow et le fait qu'elle chante en live (hélas, car sa prestation aura été de loin l'une des moins percutantes), ses charmes bien mis en valeur par une tenue Ewa Minge fort sexy (mais pas inconvenante) ont mis des étoiles plein les yeux à de nombreux spectateurs, dont les princes William et Harry, assis au côté d'une Kate Middleton complice. Mentor de Cheryl, Will.i.am a pour sa part envoyé l'irrésistible I Gotta Feeling en duo avec Jessie J.
Du feu d'une Grace Jones de tous les diables, dans un costume rouge et noir démoniaque et ses athlétiques gambettes à l'air, à la glace d'une Annie Lennox blanc pur, ailée et angélique, le public en a vu de toutes les couleurs - Sir Elton John, qui a chanté Your Song, a d'ailleurs joué d'une de ses couleurs fétiches, le rose fluo ! A la tombée de la nuit, la petite bombe australienne Kylie Minogue, 44 ans, s'est contentée d'une tenue très minimaliste dévoilant, comme dans son récent clip Timebomb, beaucoup de son anatomie (miniature mais parfaite) et mettant bien en relief l'Union Jack dans le décor.
L'un des grands moments du concert a été l'oeuvre du groupe Madness, qui a interprété sur le toit de Buckingham Palace son hit Our House tandis que des projections fabuleuses tapissaient les murs du palais, "house" iconique des partisans de la monarchie, et le transformaient à l'envi. Magique. Après quoi, Elizabeth II, portant des bouchons d'oreilles pour atténuer les effets des décibels, a pu savourer l'interprétation du single Sing créé par Gary Barlow et Andrew Lloyd Webber par le Military Wives Choir et l'African Children's Choir, avant d'écouter le Happy Birthday spécial de Stevie Wonder.
C'est à Sir Paul McCartney qu'est revenu l'honneur de conclure, présentant ses hommages à la reine (à qui il présentait récemment son épouse Nancy Shevell) et faisant onduler toute la loge royale au son de Let It be.Toutes les stars se sont ensuite rassemblées sur scène autour d'Elizabeth II et du prince Charles, qui a renu un émouvant hommage à sa "mummy".
Le dernier morceau de la soirée datait un peu plus encore que le tube des Beatles : Zadok the Priest, du compositeur Handel, a accompagné l'allumage par Elizabeth II du dernier flambeau de son jubilé de diamant.