À moins d'avoir passé les six derniers mois de l'année en retraite dans un monastère tibétain ou d'avoir été enlevé par une cohorte de petits hommes verts, difficile d'être passé au travers du phénomène Zlatan Ibrahimovic. Le géant venu du froid a en effet débarqué cet été au Paris Saint-Germain, permettant au club de la capitale d'entrer dans une nouvelle ère loin d'être imaginable il y a encore quelques années de cela, lorsque le PSG luttait pour ne pas connaître les affres de la Ligue 2. Mais depuis deux ans maintenant, les Qataris et leurs gazodollars ont pris possession du club de la Ville lumière, injectant des millions d'euros dans leur jouet pour en faire l'un des meilleurs d'Europe. Résultat : une flopée de joueurs de niveau international et Zlatan Ibrahimovic, véritable Beatles du ballon rond à lui tout seul...
Une arrivée en fanfare
L'arrivée de Zlatan Ibrahimovic, c'est un peu comme la saga de l'été de TF1, sauf qu'elle n'a rien d'une fiction et qu'elle ne fait plaisir qu'aux Parisiens. Et pour cause. Depuis des années, l'homme est considéré comme l'un des meilleurs buteurs de la planète. Attaquant au gabarit exceptionnel et à la technique léchée, Zlatan Ibrahimovic est un finisseur redoutable, un meneur d'hommes respecté et une grande gueule assumée. Personne ne pouvait un seul instant imaginer qu'un joueur de sa trempe rejoindrait un jour la Ligue 1, surtout au vu de son salaire indécent et de son pedigree.
Mais c'est bien à Paris que Zlatan débarque ce 17 juillet 2012 en provenance du Milan AC. En quelques jours à peine, le Suédois embarque femme et enfants depuis son lieu de villégiature estivale pour signer son contrat au PSG. Après la traditionnelle visite médicale et la convenue conférence de presse, la nouvelle recrue est emmenée au Trocadéro où l'attend une foule compacte, dignes des sorties publiques des acteurs d'Hélène et les garçons aux plus beaux jours de la sitcom. Son arrivée n'est que le point d'orgue d'un casting cinq étoiles où l'on retrouve entre autres Thiago Silva, proclamé meilleur défenseur de la planète par la profession et arraché au Milan AC de Silvio Berlusconi pour 42 millions d'euros, quand Ibra n'a coûté "que" 20 millions. Pourtant, la nouvelle star parisienne cannibalise l'attention médiatique et ses moindres faits et gestes sont épiés, à l'image d'une mégastar hollywoodienne.
Des débuts fracassants
Précédé par sa réputation, Zlatan Ibrahimovic ne parle quasiment pas, mais lorsque le Parisien l'ouvre, ses propos ne sont jamais anodins et ne manquent jamais de susciter les commentaires. Ses débuts sont aussi prometteurs que l'annonce d'un nouvel épisode de James Bond. L'attaquant enchaîne les buts sous les yeux de sa belle Hélène Seger et de ses deux enfants, Maximilian (6 ans) et Vincent (4 ans et demi). Et même si sa compagne de dix ans son aînée est victime d'une agression dès ses premiers jours parisiens, le Suédois se sent bien à Paris et cherche activement à quitter son hôtel grand luxe pour un petit nid douillet ou installer sa tribu. Le Parc des Princes se transforme en tribune VIP lorsque le Suédois est annoncé sur la pelouse. Ses performances uniques permettent au club de réaliser un excellent début de saison. Ibra affole les compteurs et répond présent à chaque grand rendez-vous. Le rival marseillais en fait l'amer constat. Idem en Ligue des Champions, où le PSG réalise un excellent parcours pour son retour dans la compétition grâce à son Suédois. Malgré un mois de novembre difficile, le PSG termine l'année en boulet de canon pour prendre la tête lors d'un match âpre face à l'Olympique lyonnais.
Une personnalité trouble
Si ses performances sur le terrain impressionnent et lui valent un énième Ballon d'or suédois, alors que le véritable continue de le fuir au profit de Lionel Messi et Cristiano Ronaldo, sa personnalité profonde éclate parfois au grand jour. Élevé dans le difficile quartier de Rosengard en Suède, le jeune Zlatan grandit entre une mère croate et un père bosniaque qui divorcent à ses 2 ans. Sa personnalité, il la forge dans la rue, son père étant obnubilé par le conflit yougoslave et n'ayant que peu de temps à lui accorder. De cette enfance compliquée et tiraillée, Zlatan Ibrahimovic retire une grande confiance en lui, une volonté farouche et un refus de se faire dicter sa conduite, dans la vie comme sur le terrain.
De déclarations fracassantes en gestes déplacés, l'attitude du Suédois choque parfois, interpelle souvent. Ses détracteurs disent de lui qu'il est égocentrique et a une très haute estime de lui-même. Les Guignols de l'info ont très vite cerné le personnage et créé un mot spécifique à propos de sa marionnette, zlataner. Car s'il est capable de gestes hallucinants, comme ce retourné de 35 mètres face à l'Angleterre qui restera dans l'histoire du football, Zlatan Ibrahimovic est également capable du pire. Les joueurs n'hésitent pas à se plaindre de son arrogance, les arbitres en prennent pour leur grade et même ses coéquipiers ne sont jamais à l'abri de sa colère. Antithèse de son retourné, son coup de pied de taekwondo dans les côtes du pauvre gardien stéphanois Stéphane Ruffier ou la tête du défenseur de Lyon Dejan Lovren transformée en paillasson.
Énervé, Zlatan Ibrahimovic l'est également lorsqu'il n'arrive pas à trouver à se loger. S'il avait mis la main sur l'endroit idéal du côté de la villa Montmorency, il avait vite déchanté devant les prétentions du propriétaire qui avaient explosé en apprenant le nom de son locataire. Annoncé à Versailles, c'est finalement à Paris qu'il s'est installé avec ses deux bambins et sa compagne, limitant au minimum ses sorties publiques, et s'adressant rarement à la presse.
Icône en devenir ?
Si Zlatan est déjà prophète en son pays, capitaine exemplaire de la sélection et suivi par toute une tripotée de journalistes, certains étant spécialement envoyés en France pour suivre les faits et gestes de l'équivalent suédois du couple Beckham, il n'en va pas de même dans l'Hexagone. Oui, Ibra intrigue, impressionne, fait réagir les politiques lorsque son salaire de 14 millions d'euros annuels est évoqué et remplit les stades à chacune de ses apparitions. Mais si la Suède en a fait son idole, au point de s'arracher sa biographie aux anecdotes nombreuses, d'en faire un best-seller et de la faire concourir pour le Goncourt local, Zlatan Ibrahimovic ne fait pas encore l'unanimité par chez nous. Cependant, les médias ne peuvent se passer de lui. Pas une émission sur le sport et le foot sans que son nom soit évoqué. Les stars du passé sont peu à peu remplacées par le tatoué, et son nom est quotidiennement évoqué, aussi bien sur le web que dans la presse papier.
Et avec ses prestations plus qu'impressionnantes, la France n'a pas fini d'entendre parler de Zlatan Ibrahimovic.