20 mars 2012 : Laure Manaudou vient de remporter le titre de championne de France du 100 mètres dos à Dunkerque, décrochant ainsi son ticket pour les Jeux olympiques de Londres. L'aboutissement d'un an de travail acharné pour revenir au plus haut, symbole d'une nouvelle Laure Manaudou transformée par sa maternité.
La nouvelle Laure Manaudou
La belle sirène française avait quitté le monde des bassins après son terrible échec de Pékin, prenant le temps de donner naissance à sa petite Manon et de rester à ses côtés, avant de retrouver le goût de la compétition. Pour se donner toutes les chances d'accrocher son objectif, les JO, Laure Manaudou prend donc la direction d'Auburn aux États-Unis où s'entraîne déjà son compagnon Frédérick Bousquet.
Loin de l'agitation médiatique, Laure Manaudou retrouve le sourire et le plaisir d'aligner les longueurs. Les entraînements se succèdent, les compétitions s'enchaînent, mais la championne olympique de 2004 à Athènes a bien du mal à retrouver le niveau qui avait fait d'elle à 17 ans seulement l'une des meilleurs nageuses au monde.
Laure peut toutefois compter sur sa famille pour l'accompagner dans cette quête que beaucoup jugent illusoire. Son compagnon, d'abord, Frédérick Bousquet, qui s'entraîne à ses côtés dans ses sessions américaines. Son petit frère Florent, membre de l'équipe de France, qui la pousse à se surpasser. Car Laure n'a qu'une envie : rallier Londres avec ses deux hommes, pour disputer cette troisième olympiade en famille... Mais surtout, Laure Manaudou nage pour sa fille Manon.
Manon, sa merveille à l'origine de sa transformation, de son épanouissement et de sa maturité. De petite fille gâtée à mère épanouie. Laure Manaudou nage pour sa fille, pour que celle-ci soit fière d'elle. Une transformation radicale. La nageuse est plus ouverte, a le sourire facile et répond avec gentillesse et spontanéité aux journalistes, avec qui les relations étaient pour le moins tendues. On la voit lors d'événements, détendue, moins sur la défensive.
Ses apparitions avec l'équipe de France sont rares, mais à chaque fois, c'est la bonne humeur qui semble l'habiter, l'accompagner. Si ses résultats ne suivent pas, posant même la question d'une éventuelle participation aux championnats de France, la volonté est bel et bien présente. Laure Manaudou va au bout de ses efforts, jusqu'au bout de ses forces, jusqu'au malaise parfois.
Retour gagnant
Résultat, elle enchaîne les titres de championne de France à Dunkerque, même si une certaine Camille Muffat occupe désormais le devant de la scène. La belle retrouve le sourire avec une première étape passée avec succès, qu'elle-même considère déjà comme une petite victoire en soi. Seule ombre noire au tableau de ce retour réussi, la non-qualification de son compagnon Frédérick Bousquet pour les Jeux olympiques de Londres... Celui-ci n'a pas su résister à la jeune garde de la natation et ne participera donc pas à la grand-messe londonienne. Une grosse déception pour Laure, qui sera tout de même accompagnée de son petit frère Florent.
Désormais, Laure Manaudou a fait ses preuves, aussi bien dans les bassins que dans la sphère médiatique. Fini l'image qui lui collait à la peau et qui faisait d'elle une championne détestée pour ses caprices. Malgré un dérapage né d'une polémique sur Twitter rapidement oubliée, la championne apparaît comme une jeune mère de famille comblée et sûre d'elle, prête à retrouver la pression de la compétition. Elle s'ouvre au grand public, confie son mal-être passé, ses 20 kilos en trop, l'amour qu'elle porte à son homme Fred Bousquet et sa petite fille Manon. Elle reconnaît aussi ne pas se faire d'illusions sur ses réelles chances de décrocher une médaille à Londres. La nouvelle Laure séduit et se fait une nouvelle place dans le coeur des Français, qui en feront leur championne préférée en fin d'année.
Les JO, entre joie familiale et déception personnelle
En attendant, ce sont les Jeux olympiques qui se présentent. Des JO que la jeune maman aurait bien pu ne jamais voir, conséquence de plusieurs manquements aux obligations de localisation dans le cadre de la lutte antidopage. Mais le 27 juillet 2012, Laure Manaudou est bien présente au côté de son frangin Florent, 21 ans, étoile montante de la natation tricolore, eux qu'unit une complicité peu ordinaire.
Mais le jour J, Laure Manaudou n'est pas au rendez-vous. Elle termine péniblement ses séries avec le 22e temps ce dimanche 29 juillet. Une énorme déception pour elle, qui durant plus d'un an a travaillé dur et a multiplié les sacrifices pour revenir au haut niveau. Une cruelle désillusion qui, pense-t-on, marque la fin de la carrière de la belle. Pourtant, c'est une Laure au bord des larmes et philosophe que l'on retrouve au bord de la piscine. "Ce n'est qu'une partie de ma vie", analyse-t-elle à chaud et avec le sourire. L'émotion est palpable, mais la jeune maman fait face et se tourne vers son petit frère sur qui repose désormais les espoirs du clan Manaudou.
Et Florent ne va pas les décevoir. Dès les séries, il fait chavirer le clan français et sa soeur qui retrouve le sourire. Qualifié pour la grande finale, il se présente comme un outsiders au côté des plus grands noms de la discipline. Et au bout de 50 mètres et 22''34 de sprint effréné, c'est bien le cadet de la famille qui touche en premier, glanant la première médaille d'or olympique de sa courte carrière. Dans les tribunes, c'est l'euphorie. Laure Manaudou ne peut contenir sa joie et ses larmes et descend les tribunes pour sauter dans les bras de son petit frère au nez et à la barbe de la sécurité. Une étreinte en forme de passage de relais... Loin de là, en Espagne, Frédérick Bousquet et Manon ont dû apprécier l'image, et eux aussi, verser leur petite larme.
L'avenir en question
Lorsque les Jeux olympiques mettent la clé sous la porte pour les quatre prochaines années, vient alors la question que tout le monde se pose concernant l'avenir de Laure : Et maintenant ? La principale intéressée ne sait pas elle-même de quoi son avenir sera fait. Tout juste reconnaît-elle qu'elle a besoin de "faire autre chose dans sa vie". Ce n'est que le 1er octobre qu'elle reprend l'entraînement, après de longues vacances et un déménagement à Marseille où elle s'entraîne désormais avec une bonne partie des membres de l'équipe de France. Et doucement mais sûrement, la nageuse s'achemine vers les championnats de France d'Angers, mais surtout, les championnats d'Europe petit bassin à Chartres. La première compétition internationale que Laure pourrait disputer dans son pays, si tant est qu'elle ne mette pas un terme à sa carrière.
Manon, témoin privilégié de son succès
Et ce ne sera pas le cas. Toujours indécise quant à la suite à donner à sa carrière, Laure Manaudou se présente à Angers et à Chartes avec l'envie de s'amuser. L'échec relatif des Jeux olympiques ne semble être qu'un lointain souvenir... Si bien que la belle nage relâchée et enquille à nouveau les titres ! A Angers, elle porte son total à 58 titres nationaux... A Chartes, c'est sous les yeux de sa petite fille Manon, adorable fillette aux boucles d'or, qu'elle s'adjuge le titre européen du 50 mètres dos, quatre ans après son dernier titre international. Et c'est avec sa fille dans les bras qu'elle recevra sa médaille d'or, sourire réjoui et heureuse comme jamais. Chartes résonnait donc comme un point final parfait à la carrière de Laure Manaudou, puisque la veille, son homme Frédérick Bousquet et son petit frère Florent avaient une fois de plus fait des merveilles, toujours sous le regard attendri de Laure et la petite Manon.
Pourtant, rien ne filtrera quant à l'avenir de notre sirène. Toujours aussi discrète malgré une plus grande disponibilité, Laure Manaudou ne laissera rien transparaître de son avenir. "Écoute ton coeur", lui a simplement conseillé son homme. Un sage conseil qui résume à merveille le retour au premier plan de la jeune femme...